
En 2014, alors que nous vivions à Sens, mon épouse Laëtitia avait suivi les ateliers de la session “Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent”. Elle m’a convaincu de suivre à mon tour un atelier. Ce que j’ai fait dans le sud de la Seine et Marne, au Printemps 2015. Cela m’a beaucoup plu. J’étais alors enseignant d’Histoire-Géographie en collège. Deux choses m’avaient marqué : d’abord une approche vraiment intelligente de la relation, quelle qu’elle soit (entre adultes, avec les enfants…). Ensuite : la pédagogie employée dans les ateliers, basée sur le respect des partages et sur l’expérimentation.
Il me semblait que cela serait vraiment profitable à la vie d’un établissement. Dans celui où j’étais alors, cela aurait peut-être été une gageure de lancer un atelier “Faber-Mazlish”, dans la mesure où la “pédagogie bienveillante ou positive” pouvait diviser une salle des profs qui n’en perçoit parfois qu’une vision caricaturale.
De toute façon, en ce début d’année scolaire 2015-2016, après avoir obtenu une mutation dans la région (encore existante) du Poitou-Charente, je suis arrivé dans un lycée (le LP2I, “lycée pilote international et innovant”). Ce lycée public est situé à côté du parc du Futuroscope et a la particularité de proposer quelques dispositifs spécifiques à ses élèves. Ceux ci sont recrutés non sur les résultats scolaires mais sur leur volonté d’adhérer au projet. Le dispositif emblématique du lycée s’appelle les ACF (Actions Complémentaires de Formation). Ce sont des groupes transniveaux de 15 élèves environ qui, deux fois par mois, se retrouvent une demie journée pour développer un projet qu’ils ont choisi. La coopération, le travail d’équipe, la co-formation sont, avec l’appui constant des adultes, des objectifs recherchés. Et ils représentent bien l’identité du lycée.
Ce cadre porteur rendait plus simple la mise en place éventuelle d’un atelier Faber-Mazlish. C’est pourquoi, à la fin du premier trimestre de l’année scolaire 2016-2017, j’ai discuté avec quelques collègues. L’une d’elle m’a mis en relation avec Christine Dapvril, animatrice Faber-Mazlish. Un jour de mars 2017, elle est venue au lycée, à notre rencontre. La direction du lycée a donc donné son accord sans problème. A la suite de la présentation, on était quelques collègues bien motivés. Il restait quelques contraintes : la charge financière (car, venant de loin, les frais de transport s’ajoutaient aux frais de l’animation) et le manque de temps (il est difficile de dégager six séances de 2h30 dans le temps scolaire).
Christine nous a alors proposé d’animer la première séance, puis de nous laisser faire pour les autres séances. J’ai donc accepté de prendre en charge l’animation du groupe pour les séances 2 à 6.
J’ai vraiment bien aimé animer les ateliers. Finalement, cela n’a pas été lourd pour moi. Même si je ne suis pas un lecteur assidu des méthodes pédagogiques, la présentation très claire du livret et du cahier d’activité m’ont permis de le faire dans de bonnes conditions.
Nous étions huit enseignant·e·s à chaque séance. Parfois, on ne pouvait dégager qu’une heure et demie, mais on a pu faire les six rencontres.
Les souvenirs sont un peu lointains maintenant (et je ne retrouve pas les bilans…), mais je me souviens que cela a été de réels moments d’écoute, de partage et d’échanges.
Comme nous sommes de bons élèves ;-), nous nous appliquions pour faire les exercices. Je me souviens aussi que d’une séance à l’autre, on essayait de mettre en œuvre une habileté dans le concret de nos classes. Ainsi, en “vie de classe” (qu’on appelle “suivi” au lycée) avec des élèves de seconde, j’avais essayé d’utiliser la “résolution de problème” pour une situation récurrente d’incompréhension qui existait entre eux et un collègue.
Dans notre lycée, un climat de coopération est déjà clairement mis en avant, de sorte que les ateliers n’ont pas “révolutionné” les rapports qui existaient entre nous. Mais, comme les blocages peuvent toujours survenir à l’échelle individuelle ou collective, cela nous a aidé à garder une démarche “active” dans nos relations avec les élèves, voire dans certaines situations, avec les parents.
J’ai vraiment bien aimé animer les ateliers. Finalement, cela n’a pas été lourd pour moi. Même si je ne suis pas un lecteur assidu des méthodes pédagogiques, la présentation très claire du livret et du cahier d’activité m’ont permis de le faire dans de bonnes conditions.
Je me dis aussi qu’on a eu une vraie chance de pouvoir organiser les rencontres au lycée, dans le temps scolaire, d’autant qu’avec les nouvelles réformes les emplois du temps se sont complexifiés. Et c’est très difficile pour les collègues, et moi le premier, de dégager du temps ensemble en dehors du lycée. C’est pourquoi, même si on a tous apprécié, l’expérience ne s’est pas renouvelée.
Cela me “démange” un peu quelques fois, et je me dis que ce serait vraiment enrichissant de se retrouver, entre volontaires, pour reprendre des situations qui sollicitent les habiletés “susciter la coopération” ou “résolution de problèmes”. Je pense qu’il y aura des opportunités…
Henri Gautier, juin 2021 : Témoignage sur mon expérience d’animation d’un atelier “Parler pour que les enfants apprennent” au sein de mon lycée, entre Mars et Mai 2017.